Nous l’évoquions hier avec énormément d’émotion et nous tenons à revenir sur l’annonce du décès de Monsieur Joseph Paul.
Tout d’abord, pour les sympathisants du club qui souhaitent lui rendre un dernier hommage, afin de vous informer des modalités relatives à ses funérailles : notre ancien secrétaire repose au funérarium Dethier, situé à Embourg, Voie de l’Ardenne, 177, où les visites ont lieu de 17 à 19h00, et ses funérailles se dérouleront ce vendredi 29 juillet, à 09h35, au centre funéraire de Robermont.
Ensuite, car nous souhaitions vous faire partager quelques anecdotes savoureuses dont il avait bien voulu, avec sa gentillesse coutumière, nous gratifier, à l’occasion d’entretiens accordés à Martial Watrin dans le cadre d’une série d’articles qui lui ont été consacrés pour notre magazine « Allons Liège », dans le courant de l’année 2008, sous le titre évocateur suivant : « Les belles histoires de l’Oncle Paul ».
Voici, en souvenir de ce personnage hors du commun, le premier volet de ses aventures en rouge et bleu…
LES BELLES HISTOIRES DE L’ONCLE PAUL
Joseph Paul est une des mémoires les plus riches du RFCL. Supporter du club depuis plus de 70 ans, il a assumé les importantes fonctions de Secrétaire général à un moment-charnière de l’histoire de notre club et de tout le football belge : celui de l’introduction du professionnalisme. Joseph Paul a ainsi côtoyé bien des dirigeants, des entraîneurs, des joueurs et a vécu au plus près la vie d’un des plus grands clubs du pays. Au fil des rencontres et des matchs, il a accumulé des tas d’anecdotes et de souvenirs dont il a bien voulu partager certains avec les lecteurs d’Allons Liège.
Nous vous souhaitons autant de plaisir à lire ses belles histoires (toutes authentiques !) que nous en avons eu à les écouter de la bouche de ce grand dirigeant qui continue aujourd’hui encore à servir notre RFCL.
Secrétaire général pendant vingt ans
« C’est à quarante et un ans, en juillet 1968, que je suis devenu secrétaire général du RFCL. Un engagement que je n’envisageais pas une seconde quelques semaines plus tôt. A ce moment-là, je pensais seulement poursuivre ma carrière de fiscard avec l’espoir d’un peu d’avancement au fil des années. J’étais en effet fonctionnaire au ministère des Finances à Liège, d’abord au cadastre, puis à l’impôt des sociétés.
Or voilà qu’un beau jour, Jacques Renson, un collègue aussi « sang et marine » que moi, m’aborde au mess et m’informe : « Liège cherche un secrétaire général et fait appel aux candidats. Pourquoi ne postulerais-tu pas ? » L’idée me séduit immédiatement et je ne fais ni une ni deux : j’adresse au club ma candidature, sans avoir de notions bien précises du travail à fournir ou des compétences exigées. Pour mettre tous les atouts dans mon jeu, je prends contact avec les frères Alex et Robert Chantraine que je connaissais, et, également, mais de façon indirecte, avec le docteur Legros qui exerçait des fonctions importantes à Rocourt. « Un brin de piston, ça ne peut pas faire de tort ! » me suis-je dit. »
Sélectionné !
« Un peu plus tard, je suis convoqué, comme beaucoup d’autres, car les candidats étaient nombreux et certains très bien introduits. Je passe deux auditions devant le Comité directeur, après quoi je suis présenté au Conseil d’Administration de la Société coopérative. A la surprise et…à la déception de beaucoup, c’est moi qui suis finalement choisi !
Bien des amis et des collègues ont alors tenté de me dissuader de tenter l’aventure en m’en montrant les risques. En raison des lois de l’époque, il ne m’était pas possible d’obtenir un congé sans solde ; je devais donc démissionner. Or, une démission entraînait la perte de tous les droits à la pension d’Etat. Malgré ça, j’ai franchi le pas. Et pendant vingt ans, jour après jour, j’ai pris le chemin du stade-vélodrome où j’avais mon bureau.
Ma fonction était essentiellement administrative, mais elle débordait aussi sur le plan sportif puisqu’il m’est arrivé plusieurs fois d’aller à l’étranger visionner des joueurs en compagnie de l’entraîneur ou d’un autre dirigeant. Il fallait que je connaisse sur le bout des doigts les règlements de l’Union Belge : c’est la première tâche à laquelle je me suis attelé. J’avais une secrétaire, Mlle Mèche, et je travaillais au sein du comité directeur présidé par le docteur Legros, assisté du vice-président Alexis Chantraine et du trésorier Jules Rasse.
Je n’étais pas le premier secrétaire professionnel du club. Liège en avait déjà engagé un en 1961 ou 62 en la personne de Raymond Arets, qui, pendant un an ou deux, avait ouvert et refermé une parenthèse dans son long et brillant parcours de journaliste. Maurice Lambrechts lui avait succédé. A sa mort accidentelle à la veille du match de gala contre Ajax Amsterdam pour le 75ème anniversaire du club, Emile Peeters avait assuré un intérim de quelques mois.
Et c’est ainsi que j’ai commencé une nouvelle étape de ma carrière, bien différente de la précédente, même si mes connaissances en matière de fiscalité et mes relations avec mes anciens collègues n’allaient sûrement pas me desservir. Car les vingt années passées dans les bureaux de l’administration m’avaient beaucoup appris. »
« Quand joue-t-on ? »
« Bien des années plus tard, on a raconté devant moi l’histoire suivante : « Un jour, un supporter vient au secrétariat de Liège et achète d’un coup cinq abonnements. Puis il demande : « Quand joue-t-on ? » Et Joseph Paul lui répond : « C’est quand vous voulez, monsieur ! ». Un mot que je n’ai jamais prononcé, mais qui a bien fait rire…
Si vous voulez un peu mieux me connaître, sachez que je suis né à Herstal le 2 janvier 1927 chez ma grand-mère, qu’ensuite j’ai habité à Chênée, à Angleur et à Liège, dans le quartier des Vennes où les « rouge et bleu » étaient majoritaires. Jules George était également originaire de ce quartier et, gamin, il avait même joué au foot sur la place des Vennes. Jules George, un homme qui allait beaucoup compter dans ma vie et dont je vous parlerai une prochaine fois. Mon père travaillait aux chemins de fer et jouait au FC Bressoux. C’est avec lui que j’ai suivi les matchs de Liège, juste avant la guerre. J’ai fait mes études secondaires à l’athénée de Liège, rue des Clarisses, puis à celui de Chênée, plus proche de mon domicile. Au début de 1945, je me suis engagé comme volontaire de guerre à la brigade Piron, où je suis resté près de deux ans. Après avoir été employé chez un importateur de pièces de cycles, je suis devenu fonctionnaire.
Vous le voyez : rien ne me prédestinait à vivre dans le monde agité du foot, si ce n’est ma très vive affection pour le RFCL. Mais tous les supporters ne deviennent pas salariés du club… »
Martial Watrin (Allons Liège année 2008)
Fév 14, 2025 Commentaires fermés sur Ecole des jeunes | Candidatures